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Channel: Commentaires sur : Une certaine idée de l’éthique
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Par : aldar

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« aimer » c’est à la fois simple et compliqué.

Je prendrai une définition « faible » et générale, mettant de côté la dimension affective qui peut nous lier, en plus du sentiment d’amitié, à un conjoint, un parent, un enfant, et qui sont d’une autre nature. Je parlerais donc plus d’amitié : on aime une personne quand on l’apprécie, quand on a envie de la voir, qu’on y prend plaisir, qu’on a envie d’avoir des projets ensemble, que la présence de l’autre nous stimule, nous fait aller de l’avant, etc. J’y ajouterais une dimension élective : on choisit d’échanger, partager avec cette personne, rien ne nous y contraint (ce qui peut exclure le collègue sympa, qu’on ne fréquenterait pas si ce n’est parce qu’on travaille ensemble). Et aussi, il y a une sincérité relative et une certaine intensité émotionnelle, la capacité à avoir des échanges d’une certaine profondeur, qui me semblent distinguer la « vraie » amitié de la simple sympathie, qui est néanmoins, sans doute un embryon d’amitié.

C’est intéressant de voir qui nous attire en amitié. Les qualité éthiques peuvent jouer : C’est rare que quelqu’un de mesquin soit attirant, en général c’est plutôt les gens généreux qui sont attirants et ont beaucoup d’amis. Mais les raisons qui inspirent une amitié sont de tous ordres et quand y regarde de plus près, on y voit toujours un intérêt, et cela n’a rien d’illégitime en soi : on est ami à un moment donné parce que cela nous est profitable à tous les deux, qu’on a besoin de l’autre, que ce soit dans un sens éthique ou pas du tout.

Vous me direz, l’amour dont parle Bahram Elahi dans son discours est d’une tout autre nature que cette amitié. Il parle plus d’altruisme, qui relève de la propension à faire du bien à autrui, pour son bien à lui, de manière désintéressée et universelle. Ce que je comprends de son argument c’est que, si l’on reconnaît en soi « la vérité », alors on la voit en tout homme et on est par construction dans l’altruisme. Cette capacité d’aimer est donc en relation intime avec le travail de perfectionnement individuel que l’on aura accompli.

Je pense que l’amitié que j’ai définie ci-avant et l’amour altruiste ont néanmoins une relation. Il n’y a évidemment pas identité : l’altruisme ne consiste pas à considérer tout le monde comme ami. Cependant, il y a dans la vraie amitié l’expérience d’un élan émotionnel vers l’autre qui nous permet de dépasser notre égoïsme, et qui est comme un composant nécessaire de l’altruisme, en tant que vertu. La pratique sociale de l’amitié, l’expérience de la « vraie » amitié , sont donc comme l’un des moyens de développer le fondement émotionnel de nos capacités altruistes qui, si l’on en croit ce discours de Bahram Elahi, sont une clé pour atteindre l’ »amour divin », puisque Dieu serait cette « vérité qui est en tout homme », et qui est éminemment aimable.


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